UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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Chômage, emploi et travail en question


Les chiffres du chômage en France font rarement l’unanimité. Le taux d’emploi apporte un éclairage différent et met en évidence la moindre place des jeunes et des seniors dans l’emploi.

Le taux de chômage des pays européens, en 2021, fait apparaître des situations contrastées : des taux bas en Pologne (2,9 %), en République tchèque (2,1 %) mais des taux très élevés en Espagne (13 %) et en Grèce (12,7 %). Ces différences s’expliquent par le recours aux contrats courts, comme en Allemagne, et la place prise par le temps partiel.

Le taux d’emploi reflète la proportion de personnes disposant d’un emploi parmi celles en âge de travailler (par convention de 15 à 64 ans). L’Union européenne le prend comme référence au Sommet social de Porto de 2021, l’objectif a été fixé à « au moins 78 % ».

Le taux de l’emploi évolue peu : on notera, une fois encore, des différences notables entre la France et l’Allemagne, la principale raison étant l’importance de l’apprentissage en Allemagne.

Les comptes du chômage

Les statistiques du chômage sont présentées par Pôle emploi à partir cinq catégories : A, B, C, D et E. Les commentaires sur ces statistiques se focalisent le plus souvent sur les évolutions de la seule catégorie A (personnes à la recherche d’un emploi à temps plein). Ce qui est réducteur car des transferts ont lieu entre catégories avec le développement du travail intérimaire. 850 300 personnes occupent un emploi intérimaire à fin décembre 2021, 33 800 de plus que le mois précédent.

Évolution du taux de chômage

La période de restrictions d’activité et de confinement, où « les recherches d’emploi ont été limitées et la disponibilité pour travailler réduite s’est traduite par un recul en trompe l’œil du chômage » (Insee, février 2022). Le taux de chômage a diminué, passant de 9,4 % en 2017 à 7,4 % en 2021. Cependant, le nombre de chômeurs demeure toujours important. Au 4e trimestre 2021, en catégorie A : 3 101 800, 5 368 200 pour l’ensemble des catégories A, B, C, et 6 076 300 toutes catégories confondues. Il convient donc de ne pas baisser la garde sur les voies et moyens pour réduire le chômage.

Le chômage des jeunes est significatif de la place qui leur est faite sur le marché du travail.

En décembre 2021, le taux de chômage des jeunes a baissé par rapport à l’année précédente, mais il demeure élevé, 14,9 % pour l’UE et pour la France 17,6 %.
Comme le note l’Observatoire des inégalités, « aujourd’hui les jeunes actifs ont 2,5 fois plus de risque d’être au chômage que leurs aînés ».

Quelles perspectives dans une situation économique délicate ?

En 2021, si l’on constate une reprise nette de la croissance, 6,25 % après une chute de - 8 % en 2020, les interrogations portent sur l’ampleur de la dette. Elle s’établirait, selon le rapport 2022 de la Cour des comptes, à 113,5 points du PIB (16 points au-dessus de son niveau avant crise) et atteindrait 2 940 milliards à fin 2022. Autre point d’incertitude, l’évolution de l’inflation qui est attendue à 3,9 % en 2022. Nombre de pays vont devoir réaménager les politiques monétaires, avec une hausse des taux d’intérêt. Les tensions sur le plan géopolitique ne font qu’accroître ce climat d’incertitude.

Émergence du « monde d’après » ou retour au « monde d’avant » ?

Entre ces deux mondes, les frontières sont difficiles à tracer. Les choses vont changer s’agissant du contenu et des conditions de travail. Développement du temps partiel, télétravail qui concerne désormais 26 % des salariés. Et l’indispensable prise en compte des métiers dits de « deuxième ligne » se fait toujours attendre. Qu’il s’agisse de nouvelles relations et conditions de travail, de mobilités professionnelles, le chantier des modifications du travail est largement ouvert : la CFDT, hier comme aujourd’hui, sera particulièrement active dans tous ces chantiers.

Jean-Pierre Moussy